Tennis de table ou ping pong ?
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Tout le monde a déjà joué au "ping pong" : à l’école, en vacances, ou dans son garage entre copains.
De l’activité ludique conviviale au sport de haut niveau, le tennis de table peut être pratiqué avec un large éventail de motivations, et il est le sport individuel le plus pratiqué au monde.
Nous vous proposons de découvrir les origines de cette discipline et les principales évolutions du jeu et du matériel utilisé :
Les débuts : du ping pong au tennis de table
Les débuts "officiels"
Le matériel
Les règles
Les effets
Anecdote : la diplomatie ping-pong
Les débuts : du ping pong au tennis de table
Contrairement à une idée répandue, l’origine du tennis de table n’est pas asiatique mais européenne, puisque c’est en Angleterre que le tennis de table a vu le jour (ce qui n’est climatologiquement parlant pas étonnant pour un sport d’intérieur).
- Carte postale
La date exacte de sa première apparition est cependant un peu floue. Généralement, on la situe aux environs de 1870 sur base de cartes postales illustrées de l’époque. Officiers anglais qui s’ennuient en Inde ou tennismen frustrés de voir la pluie gâcher leur passe-temps favori, les hypothèses sur l’origine du tennis de table divergent. En recoupant les sources, on comprend toutefois que ce sport est issu d’un milieu favorisé, celui des nobles et des rentiers, qui en cette période de révolution industrielle, sont les seules catégories sociales à disposer du temps nécessaire pour s’adonner à de tels loisirs. Une table de salon divisée en deux par des piles de livres, une petite balle en liège taillée dans un bouchon de Champagne, des couvercles de boîtes à cigares ou des couvertures de livres rigides en guise de raquettes, et nos gentlemen pouvaient passer des moments mémorables entre deux tasses de thé.
- Boîte Jaques
Au niveau matériel, les premières raquettes rappellent celles de tennis, avec leur tamis en coton et leur long manche. La tête de raquette devient par la suite une peau tendue sur une armature (comme un tambourin).
En 1891, des coffrets d’équipement complet font leur apparition, commercialisés en Angleterre par la Société John Jaques & Son, sous le nom de "gossima". Ils comprennent 2 raquettes en peau, des balles en liège recouvert de tissu et un filet de 30 cm de haut.
- Raquette 1902
Plus tard, le manche est nettement raccourci, et évolue en une tablette de bois recouverte d’une épaisseur de feutre ou de liège. Les balles quant à elles, sont fabriquées en caoutchouc, et remplies d’air comprimé.
Ces innovations permettent une nette accélération du jeu. Toutefois, la surface de contact est encore trop lisse et empêche qu’on imprime de l’effet à la balle.
- Raquettes 1950
Pour trouver une trace de raquettes plus proches de celles que l’on connaît aujourd’hui, il faut attendre le début du XXème siècle : c’est en ramassant sa monnaie déposée sur un petit tapis à picots d’un comptoir de pharmacie que l’Anglais E.C. Goode eut l’idée, en 1902, d’apposer une couche de caoutchouc sur le support en bois. Quelques années auparavant, en 1900, James Gibb, un ingénieur anglais, avait fait l’autre découverte qui allait définitivement révolutionner ce jeu. Il avait ramené dans ses bagages d’un voyage d’affaire aux États-Unis une petite balle issue d’un jeu pour enfants construite dans une matière nouvelle, le celluloïd, qui se révélera particulièrement adaptée à la pratique du tennis de table. Le bruit caractéristique du contact entre la balle et la raquette (le ping) et celui entre la balle et la table (le pong) contribua à l’expansion de ce nouveau jeu dans le monde. La dénomination "ping-pong" deviendra une marque déposée le 6 août 1901 par Hamsley’s aux États-Unis. La marque sera ensuite revendue puis exploitée par la société Parker.
Selon les pays, le ping-pong connaît d’autres appellations comme "pim-pam", "flim-flam" ou "gossima" en France ou encore "whiff-whaff" aux États-Unis.
Des boîtes de jeu "tennis de table" ou "tennis de salon" étaient également commercialisées.
- Boîte "Tennis de table"
- Boîte "Tennis de Salon"
Le 12 décembre 1901, la fédération de tennis de table (anglaise) naissait... suivie, 4 jours plus tard, par la fédération de ping-pong. Pas réellement de démarcation entre les deux, les règles étaient presque identiques... Un an après, le 3 décembre 1902, les 2 fédérations fusionnent, mais sur les 113 clubs existants en mars 1902, (65 de tennis de table et 48 de ping-pong) seulement une quarantaine s’affilient à la nouvelle fédération. Du même coup, l’engouement pour le jeu, dans la confusion des dénominations et des différentes règles, décline et il faudra attendre les années 1920 pour voir son retour grâce encore à l’Angleterre et notamment aux universités d’Oxford et de Cambridge.
En 1921, "ping-pong" est officiellement délaissé au profit de "tennis de table". Cette modification sémantique marque véritablement l’essor du sport sur les anciennes pratiques de loisir.
Les débuts "officiels"
En 1926 sont organisés à Londres les premiers championnats du monde. Dans la foulée, est créée la Fédération internationale de Tennis de Table (ITTF). La première mission de cet organisme est d’uniformiser les règles, notamment la dimension des tables et le comptage des points. Pourtant le tennis de table de l’époque ne ressemble guère à celui pratiqué de nos jours. Il s’agit d’un sport essentiellement défensif, la victoire revenant généralement au pongiste le plus patient. À ce petit jeu, les joueurs de l’est se montrent les plus adroits. Illustration en 1936, aux championnats du monde de Prague, où deux records édifiants sont établis : celui de la rencontre la plus longue et celle du point le plus interminable. La partie entre le Roumain Marin Goldberger et le Français Michel Haguenauer doit en effet être interrompue après sept heures et demie de jeu, le jury de l’ITTF décidant de désigner le vainqueur à pile ou face (pour la petite histoire, la chance sourit au Roumain). Le deuxième record est établi par son compatriote Farkas Panteh et le Polonais Alex Ehrlich, qui ne mirent pas moins de deux heures douze pour marquer un seul point...
- Mousse 1953
Évidemment, un sport qui consiste seulement à se demander lequel des opposants va se lasser le premier n’est pas viable sur le plan compétitif. Sans parler du public qui peut difficilement se captiver pour un spectacle si peu créatif. Il fallait donc trouver quelque chose pour accélérer le jeu. Le milieu du XXème siècle verra ainsi un nouveau tournant dans l’histoire du tennis de table. Le principal changement est probablement l’apparition de mousses que les joueurs utilisent, à l’instigation des Asiatiques, pour recouvrir leur raquette. En atténuant la vitesse de la balle au moment de la réception, cette couche au rôle amortisseur placée entre le bois de la raquette et le caoutchouc améliore le contrôle et donc la force du retour. Le jeu se trouve du même coup réorienté vers l’attaque avec des échanges beaucoup plus techniques, plus courts et plus rapides.
La Fédération Française de Tennis de Table a été créée le 30 mars 1927.
Le Tennis de table est devenu un sport olympique en 1988 aux jeux de Séoul.
Le matériel
La table
Rectangulaire, d’une dimension de 2,74 m sur 1,52m, elle s’élève à 76 cm du sol. Elle doit être parfaitement plane et permettre à une balle lâchée à 30 cm de rebondir à 23 cm. La surface de jeu doit être de couleur foncée et mate (le plus souvent du bleu ou du vert) avec une bande blanche de 2 cm de large sur le périmètre. La table comporte également une ligne en son milieu pour délimiter l’aire de service en double. Le filet est lui aussi vert ou bleu foncé et tendu à une hauteur de 15,25 cm.
La balle
Elle est sphérique, d’un poids de 2,7 grammes et d’un diamètre de 40 mm (38 mm avant l’année 2000). Elle doit être en celluloïd ou d’une matière plastique analogue. Blanche à l’origine, elle peut aussi être orange, couleur plus télégénique...
La raquette
La raquette peut être de n’importe quels poids, forme et dimensions, mais la palette doit être plate et rigide. Au moins 85% de l’épaisseur totale de la palette doit être en bois naturel. Une face doit être rouge vif et l’autre noire. L’épaisseur maximale des revêtements est de quatre millimètres pour les revêtements soft, ou backside, et deux millimètres pour les revêtements à picots.
Même si elle paraît plutôt simple au premier regard, la raquette du pongiste est un outil d’une grande technicité. Elle est généralement composée de trois couches distinctes : le bois, la mousse et le caoutchouc. Le choix d’un modèle détermine souvent le style de jeu. La palette et le manche sont préalablement constitués de fines couches de bois spécialement traité, associé parfois à des fibres synthétiques. Des matières comme la fibre de carbone ou la fibre de verre ne peuvent intervenir pour plus de 7,5 %. Le nombre de "feuilles" varie de un à sept. Leur épaisseur, leur disposition et leur dureté déterminent la vitesse et le contrôle de la balle. Plus un bois est épais, plus il est rapide. En général, les palettes offensives ont entre neuf et dix millimètres d’épaisseur et sont fabriquées dans une matière dure. Plus lourdes, elles permettent de gagner de la puissance mais requièrent évidemment un excellent bagage technique. à l’inverse, les modèles défensifs sont beaucoup plus fins (trois à quatre millimètres seulement). Constitués d’un bois souple, ils offrent un contrôle optimal de la balle, quelle que soit la situation de jeu.
Les types de revêtement
- Coupe d’une raquette
le picot : il permet au joueur le possédant d’infliger à son adversaire des effets très "surprenants". Mais il faut savoir que plus le picot est gênant pour son adversaire, plus il est difficile à maîtriser.
Il est surtout utilisé par les joueurs défensifs et quelques joueurs polyvalents.
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le "soft" : il permet au joueur d’avoir un revêtement axé sur la rapidité tout en étant peu sensible aux effets adverses grâce à sa faible adhérence, mais ne permet quasiment pas de donner de rotation (des effets) à la balle.
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le "backside" : différent des 2 autres revêtements car les picots sont tournés vers l’intérieur. Ce type de revêtement permet les plus grandes variétés de coups, de la défense aux types de jeux les plus offensifs. C’est le plus utilisé, des débutants aux meilleurs joueurs mondiaux.
La colle
Pour placer les mousses sur la palette, on emploie de la colle. À l’origine, cette opération se faisait une fois pour toutes. Le caoutchouc était collé "à vie". C’est d’ailleurs toujours le cas pour l’immense majorité des pongistes de niveau moyen. Les professionnels, par contre, en changent très souvent (au moins à chaque match). Cette technique de collage date des années 1980. Certains joueurs du plus haut niveau s’étaient aperçus que certaines colles (généralement celles qui contenaient du trichloréthylène, du perchloréthylène ou du toluène) possédaient la caractéristique de tendre les alvéoles du caoutchouc pendant la phase de séchage, ce qui donnait un effet "catapulte" aux balles. Ils se sont donc mis à coller et à décoller les mousses après chaque match ou chaque entraînement. Au passage, leur santé en prenait un coup puisque ces colles dégagent des composés volatils neurotoxiques. Au Japon, on s’aperçut d’ailleurs vite que ces produits n’étaient pas seulement achetés par les pongistes, mais aussi par des toxicomanes à la recherche de nouvelles sensations...
Les colles contenant des solvants organiques volatils ne peuvent plus être utilisées à partir du 1er septembre 2008.
Les règles
Le principe du jeu est assez simple : on marque un point à chaque fois que l’adversaire échoue dans sa tentative de remettre correctement la balle.
Un renvoi est considéré comme correct lorsque la balle frappée par la raquette passe au-dessus du filet (ou le contourne) pour rebondir sur l’autre côté de la table. Parfois, il arrive aussi que la balle rebondisse sur un coin de table et prenne une trajectoire complètement inattendue. C’est permis. Cela fait partie des aléas de la partie. Quant à la notion de "raquette", elle s’étend à la main qui tient la raquette. Donc si on touche la balle avec le doigt et même le poignet, cela ne sera pas considéré comme faute.
Contrairement au tennis, les reprises de volée sont interdites. On ne peut pas non plus se servir de sa main libre pour s’appuyer sur la table. Seule la main porteuse de la raquette peut toucher la surface de jeu.
La mise en jeu est particulière. Il s’agit du seul coup où la balle doit d’abord rebondir dans sa partie de terrain. Si la balle touche le filet lors du service mais qu’elle retombe néanmoins dans le camp de l’adversaire, elle sera déclarée "filet" et rejouée, alors que si cela se produit pendant l’échange, le jeu se poursuit. Le règlement exige que le service soit donné au-delà du bord de la table, en maintenant la balle immobile sur la paume ouverte de la main libre, puis en lançant la balle verticalement et sans lui imprimer d’effet avant la frappe. Il faut obligatoirement que la balle soit visible. Interdiction donc de la cacher avec une partie du corps, un vêtement ou, le cas échéant, le coéquipier. On change de serveur tous les deux points lors d’un set, sauf si l’on arrive à la marque de dix partout. Dans ce cas de figure, on change de service à chaque point marqué.
Pendant longtemps, le calcul des points au tennis de table se faisait comme suit : deux sets gagnants de 21 points chacun, avec deux points d’écart. Depuis le début de la saison 2001, la réglementation a changé. On est passé à un système de matches en trois sets gagnants de 11 points, toujours avec deux points d’écart. Dans les grandes compétitions, il arrive aussi que le match se déroule au meilleur des sept manches. Ce changement s’inscrit dans une logique de modernisation du sport, notamment pour attirer les médias. Chaque point marqué prend dorénavant une valeur primordiale puisque le set est très court. Le changement de service, qui s’effectuait tous les cinq points, se fait maintenant tous les deux points. Si le set venait à s’éterniser, par exemple lors de la confrontation de deux joueurs ultra-défensifs, l’arbitre peut faire intervenir au bout de dix minutes la règle de l’accélération. Celle-ci, dont l’application n’est cependant pas très usitée, consiste non plus à accorder le point au joueur qui remporte l’échange mais bien au receveur, pour autant qu’il arrive à renvoyer treize fois la balle. Cette règle, destinée à raccourcir les échanges oblige le serveur à attaquer, même à contrecœur.
Pour les règles officielles et complètes : Site de la FFTT
Les effets
De tous les sports de raquette, le tennis de table est sans nul doute celui qui permet d’imprimer le plus d’effet à la balle. L’adhérence des revêtements est très largement supérieure à celle des raquettes cordées du tennis, du squash ou du badminton. Voici un petit aperçu des effets les plus courants :
Si on frappe la balle par-dessous, on lui imprime un effet rétro "coupé" qui va fortement la ralentir au moment du contact avec la table.
À l’inverse, si on tape la balle par-dessus, elle part en rotation dans l’autre sens et accélère au rebond. On parle alors d’effet lifté ou top-spin, le coup d’attaque le plus répandu.
Plus difficile, on peut également ajouter de l’effet latéral. Pour cela, il faut exécuter un mouvement rapide de la gauche vers la droite, ou de la droite vers la gauche. Ainsi, lorsque la balle touche la table, sa trajectoire obliquera brutalement, comme si elle avait été déviée par un coup de vent ou un petit caillou. Cet effet particulièrement déroutant est souvent utilisé lors du service. Les joueurs tentent de cacher le plus longtemps et le mieux possible l’effet qu’ils insufflent à la balle pour surprendre l’adversaire. Ils peuvent aussi le tromper en mimant un certain effet mais en n’en mettant finalement pas. La gamme des possibilités est immense.
Pour reconnaître les effets, il suffit de mettre sa raquette verticalement en opposition sur la balle envoyée par l’adversaire. Si elle s’envole, il s’agit d’un lift. Si au contraire elle plonge vers le filet, il s’agit d’une balle coupée. Et bien entendu, les effets latéraux s’évaluent de la même manière. En match, il faut évidemment essayer de ne pas se faire surprendre. Il faudra donc "fermer" sa raquette sur une balle liftée afin de la rabattre vers le bas et, au contraire, l’"ouvrir" pour répondre à un effet coupé.
La "diplomatie du ping-pong" :
En 1971, le tennis de table sera le prétexte d’un rapprochement entre deux superpuissances rivales, la Chine et les États-Unis. A l’époque, en pleine guerre froide, les échanges entre pays capitalistes et communistes sont rares. De plus, les États-Unis sortent de la guerre du Vietnam et la Chine d’une période de révolution culturelle qui a laissé de douloureux souvenirs. Les gouvernements cherchent alors un moyen de renouer le contact sans trop désavouer l’entreprise de diabolisation réciproque à laquelle ils se sont consacrés pendant des années. Ils décident d’utiliser le sport.
Tout débute lors des 31èmes championnats du monde de tennis de table qui ont eu lieu en 1971 à Nagoya, au Japon. Après une séance d’entraînement, Glenn Cowan, joueur américain, manque le bus de sa délégation et doit rejoindre son hôtel dans celui de la délégation chinoise. Le pongiste chinois Zhuang Zedong lui offre alors un cadeau. L’événement est repris par de nombreux journaux à travers le monde.
Suite à cela, le 6 avril 1971, le dirigeant chinois Mao Zedong invite la délégation américaine à venir affronter « amicalement » les pongistes nationaux. Le match Chine-USA est baptisé « Amitié ». Sur le plan purement sportif, il ne présente aucun intérêt. C’est même une sorte de mascarade tant la différence de niveau est importante entre les deux formations, le principal souci des pongistes chinois étant d’éviter que leurs victoires répétées ne prennent une tournure humiliante pour leurs invités américains. Un an plus tard aux États-Unis, lors de la tournée retour baptisée "Amitié II", les Chinois laisseront même filer quelques matches. Cette forme de courtoisie résume l’esprit de ces rencontres dont les véritables enjeux sont ailleurs : en marge des compétitions sont organisées des visites qui devront servir plus tard au rapprochement économique des deux nations. La même année, le président américain Richard Nixon entame une visite en Chine. Les deux parties publient un communiqué conjoint à Shanghai annonçant la normalisation des relations sino-américaines et la fin d’une confrontation qui aura duré une vingtaine d’années. Depuis lors, l’expression "diplomatie du ping-pong" est utilisée pour désigner ces démarches de conciliation internationale par le biais de rencontres sportives.
Les États-Unis et la Chine ont d’ailleurs commémoré mercredi 7 janvier 2009 la tournée de l’équipe américaine de 1971 en organisant un match symbolisant la diplomatie du ping-pong qui a favorisé l’établissement des relations entre les deux pays.
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